Sujet: You're the only one I will remember. That's a bad tiding. Mar 20 Aoû - 1:40
Le palais d’Omois était agité, à son habitude. La rousse tentait désespérément de se retrouver dans les méandres de ce bâtiment, sans aide aucune. Ni magie, ni plan, ni demandes. Ses souvenirs seuls. C’était ce genre d’exercices auxquels Seven s’abandonnait quand elle avait du temps libre. Faire travailler sa mémoire, entraîner son cerveau. Reprendre la main. Se tester, voir où était la faille. Est-ce qu’elle risquait de perdre encore la mémoire ? Était-ce une sorte de gène en elle ? Ou bien sa perte de mémoire était-elle due à un choc ? Quel choc, alors ? C’était ce que tout le monde voulait savoir. Travaille, mémoire, travaille. Dérouille tes engrenages, reprends du service. La grève a assez duré. Elle était fatiguée. Fatiguée de ne se rappeler de rien et d’avoir toujours plus à emmagasiner dans cet univers de fous. Si elle continuait à devoir apprendre autant de choses – toutes ces formules magiques et ces techniques de combat, ces noms de plantes et ces recettes de cuisine, les endroits où aller et les personnes à éviter (…) – comment pouvait-elle espérer qu’il reste de la place dans sa cervelle pour ses souvenirs ?
Droite ou gauche ? Elle ne savait plus. Où était cette foutue pièce ? Ce petit coin tranquille qu’elle avait découvert deux semaines auparavant. C’était ça, son fonctionnement : elle cherchait une pièce, y allait. Revenait en s’aidant un peu. Et deux semaines plus tard, défi personnel. Elle devait être capable de retrouver le bon chemin toute seule, de tête. Droite, gauche ?
Elle se décida, bifurqua vers l’est. Le couloir lui disait quelque chose mais elle n’était pas sûre d’avoir pris la bonne direction. Elle n’était jamais sûre de ce qu’elle faisait ça depuis le début de ce qui lui semblait être sa vie et, au lieu de s’y habituer, cela l’agaçait de plus en plus. Elle en devenait parfois insupportable et sèche, s’emportait pour ce qui paraissait des petits riens aux yens de tous et qui, pour elle, étaient des enjeux primordiaux. Si. Si, perdre la kidikoi qu’elle venait d’acheter était grave. Non pas parce qu’elle venait de perdre une kidikoi, mais parce que ça pouvait dire qu’elle avait simplement oublié où était l’objet. Peut-être l’avait-elle posée quelques instants et ne l’avait pas reprise en partant. Et si elle était incapable de savoir ce qu’elle en avait fait, c’était alors une nouvelle défaillance de son esprit. Ce qu’elle ne supportait pas. Seven vivait dans la crainte permanente de l’oubli.
Quoiqu’il en soit, indéniablement, le chemin qu’elle avait pris n’était pas le bon. Non, ce n’était pas par là que sa petite pièce tranquille se trouvait. En revanche, en arrivant sur une grande terrasse accessible à tous, Seven se prit les pieds dans une marche mesquine et s'affala sur une grande brune.
« Désolée, vous allez bien ? » s'enquit-elle tout en se relevant et arrangeant ses cheveux.
Avait-elle déjà précisé qu'elle haïssait ce palais ?
Sujet: Re: You're the only one I will remember. That's a bad tiding. Mer 25 Sep - 17:39
C'est lorsqu'on s'enfuit loin de lui que le passé nous rattrape
Anya errait sans but précis, dans une démarche déterminée. Ses pas réguliers résonnaient comme une marche militaire sur les murs de pierre, étouffés par les lourds tapis. Ses longs cheveux d’or purs volaient en cascade sur sa sombre silhouette. Anya avait une façon d’être qui la rendait aussi captivante qu’écrasante par sa simple présence. Le menton fièrement levé, le regard froid, fixant un point lointain et mystérieux, la Duchesse avait des airs de statue antique. Mais certainement pas Aphrodite plutôt Athéna dans sa version la plus guerrière. Même si Louise n'avait jamais tenu une arme de sa vie. C'était une reine bon sang. Comme toutes les femmes diraient certains.
Depuis quelques temps, elle s'énervait pour un rien. Elle était épuisée. Surtout qu'elle avait appris quelques temps plus tôt. Lindholm ? Ça ne vous dit rien à part une certaine brune au cœur inexistant. Et même pas que ça. Elle a maintenant au moins l'excuse des antécédents familiaux. Elle descend en réalité de Suédois connu pour leur fait d'armes lors de la Seconde Guerre Mondiale. On voit déjà là, les Justes ayant sauver des centaines de juifs de la mort ou même pire. Il ne faut pas abuser tout de même. Vu ma descendance, vous pouvez facilement imaginer les ancêtres. L'un des principales mouvements fascistes de Suède. Il s'est principalement illustré dans la guerre d'Hiver de Finlande avant que l'Armée Rouge ne défasse le nazisme en Suède. C'est à la fin de cette guerre que les Lindholm partir en URSS, sans plus se remettre dans le droit chemin.
La jeune russe -ou plutôt ancienne suédoise serait plus juste- s'ennuyait sur un fauteuil, elle avait à la main un carnet et un crayon et dessiner des personnes de son obscur passé. Un grand-père décédé, un cousin un peu trop envahissant, quelques femmes aux sourires attendris, un cerisier en fleur et même un portrait de Fiora. Un sourire nostalgique et une sorte de petite bouffée d'espoir dans le ventre -cœur une fois encore complètement déplacée, pourquoi pas âme pendant qu'on était dans les élucubrations ?- avant de s'effacer. Pour se transformer rapidement en un vide complet. Lassée, elle se leva, les yeux dans le vide, serrant dans sa main son carnet.
Ses réflexes lupins de la jeune femme la prévinrent d'un coup arrivant, mais elle rêvait trop loin pour réagir assez vite. Sa petite imitation d'Alice in Wonderland aurait presque pu paraître réaliste. Seulement, même rêveuse son visage restait dure, horriblement dure, diablement glaciale.
-Désolée, vous allez bien ?demanda l'auto-tamponneuse»
Anya s'arrangea, elle n'était évidemment pas tombé, mais ce n'était pas une raison. Elle arrangea sa robe, à la recherche d'abord de son carnet et de son stylo. Ils étaient bien plus importants que l'idiote dans qui elle était rentré. Tout ce que savait Anya, c'est qu'elle avait une odeur délicieuse, son sang coulant serait une merveille sur le sol dorée de la terrasse.
« -Je vais bien.»
La louve releva la tête et vit alors son interlocutrice. Une rousse aux yeux noisette et à la peau pâle. Elle n'était pas une véritable beauté mais ses cheveux de feu avaient un charme certain et encore plus un charme impalpable mais clairement présent. Sur tous. Mais ce n'est pas ça qui retient l'attention d'Anya. Fiora. C'était le portrait craché de Fiora. Est-elle venue la hantée ou se venger ?
« -Qui es-tu ? demanda Anya d'une voix tremblante, loin de son assurance passé. »