Le crépuscule peinait à s'installer sur Autremonde ce soir-là. La lumière se faisait de plus en plus rare. Comme une caresse, le vent venait balayer les cheveux d'Elenwë. La Reine de Selenda profitait des derniers traits de clarté que lui offrait le balcon de ses appartements pour se ressourcer. Seule, elle pouvait respirer. Loin du tumulte de la cour et des agitations de royaume. Elle aimait prendre du recul. Cela lui permettait de prendre les meilleures décisions lorsqu'il le fallait. Ce soir-là, la jeune elfe s'était allongée sur une méridienne en velours bleu et avait posé sur ses genoux, le journal de sa mère. Elle y avait retranscrit tous les jours de sa vie. Elenwë, bien qu'elle fut toujours en conflit avec sa génitrice, appréciait les conseils qu'elle pouvait y retrouver. Ses yeux se posèrent sur l'une des pages de ce journal. Une date y était inscrite : 02 Pluvio.

Extrait du journal de Vashti, Reine de Selenda, 02 Pluvio.
[...]Il y a quelques heures à peine, ma fille est née. Ma fille, et donc mon héritière. Un être si petit mais sur qui reposera tous les tourments de notre pays dans quelques années. Le plus tard possible je l'espère... Si calme et si paisible, l'enfant dort à mes côtés, alors que déjà, je dois redevenir une Reine. J'aimerais pouvoir passer plus de temps avec elle, pouvoir tisser des liens et lui enseigner tout ce que je sais. Mais j'ai bien peur de devoir renoncer à ma fille au profit de mon peuple. Un peuple qui sera bientôt le sien. Je ne souhaite que son bonheur. J'espère simplement qu'elle sera à la hauteur du rôle qui l'attend. Et qu'elle sera digne de notre famille. Digne de sa race. [...]

En lisant ces mots, Elenwë ne put s'empêcher de souffler. Sa défunte mère l'avait tellement exaspérer durant son enfance. Une enfance heureuse malgré tout. Malgré une mère absente avec laquelle elle n'a jamais rien su partager. Par manque de patience certainement, et aussi d'envie. Quand on ne vit pas avec quelque chose, on n'en ressent pas le besoin. Voilà exactement ce que ressentait la jeune Reine vis-à-vis de sa mère. C'est pourquoi, à sa mort, elle ne ressentit pas vraiment de grande peine. Attristée par la perte d'un membre de sa famille, elle l'était, mais aucune larme ne dévalèrent ses joues pâles ce jour-là. Elle percevait d'avantage la perspective de monter sur le trône. Une ambition qui n'échappait pas à la tante de la jeune mère, qui en profita pour accuser sa propre nièce du meurtre de sa mère. Des accusations, fausses, qu'Elenwë ne pouvait accepter. Nouvellement couronnée, elle bannit alors Leïa et sa fille Galadriel, les condamnant à l'exil. Une décision qui fut compliquée à prendre pour la jeune elfe, mais nécessaire pour prouver à tous qu'elle était faite pour être Reine. Sa destinée était écrite. Elle était faite pour gouverner.
Après plusieurs mois de règne sans encombre, Elenwë se maria une première fois. Círyon était un elfe de sang pur, à la fois puissant et dont les paroles parvenaient à rassurer la jeune Reine. Il était parfait en tant que mari officiel. Puis, l'elfe épousa Anarion, avec qui elle entretenait des rapports singuliers. Il parvenait à lui tenir tête de temps à autres mais réussissait toujours à se faire pardonner grâce à son humour qui séduisait Elenwë. Il était aussi un excellent guerrier, un point commun qu'il partageait avec son épouse. Il y a peu, la Reine vécu son troisième et dernier mariage. Thalion était le dresseur des montures de l'armée de Selenda. Elle fut séduite pas le calme et la patience de cet elfe qui savait obtenir tout ce qu'il désirait de ses animaux. Ce n'est cependant pas vraiment le cas avec la Reine, mais son attitude sereine lui permet de se ressourcer quand elle est à ses côtés.

En tant qu'elfe de sang pure, et de part son agressivité, elle n'a jamais eu de familier et n'en aura jamais. Cependant, elle n'en a jamais eu besoin, et a toujours préféré s'entraîner dur depuis sa plus tendre enfance. Au fil des années, elle est devenue une guerrière hors paire et maîtrises l'arc, l'épée et la magie à la perfection. Depuis son couronnement, la jeune Elenwë a sut acquérir la confiance de ses semblables et le respect de toute une population ainsi que de leurs dirigeants. Son caractère fort en a découragé plus d'un de se mesurer à elle mais il lui a aussi permis d'obtenir ce qu'elle a aujourd'hui, à savoir son trône, et surtout, de le garder. Et la Reine, si jeune soit-elle, compte bien le conserver longtemps.