J’ai froid, slurk de brolk. C’était ce à quoi pensait Aveza, marchant d’un pas vif dans les rues mouillées du fin fond de Travia. Elle réprima un frisson, grommelant avec hargne contre ces soupilutes de sangraves. Kena, son chatrix, grogna clairement et simplement, envoyant à la demoiselle des images du sangrave recherché, celui avec un grand nez et des dents du bonheur, soumis à de viles tortures. Son pelage était dégueulasse à cause de lui, Nom de Zeus. Aveza sourit, bien qu’elle n’ait aucune idée de ce qu’elle devait faire du sangrave. Si jamais elle l’attrapait.

Et puis elle n’avait pas prévu du tout cette petite escapade de nuit.  Jurant une nouvelle fois dans les rues glacées et pourtant déserte de Travia, elle s’abrita un instant sous le porche d’un magasin qui semblait fermé – et pillé - depuis des années. Elle regretta d’être toute seule. Il est plus facile de se battre lorsqu’on est deux. Indigné, Kena lui écrasa le pied. Et se secoua le poil, de façon à recouvrir Aveza d’un liquide brunâtre et nauséabond. La jeune fille allait répliquer vertement lorsqu’une ombre apparut dans son champ de vision. Plissant les yeux, Aveza quitta son petit abri & se décida à suivre la silhouette étrange.

Silhouette bien habile tout de même ! Se déplaçant à bonne vitesse & surtout sans aucun bruit, le bougre. Et à dire vrai, Aveza peinait à le suivre en toute discrétion. En fait, à dire vraiment vrai, elle pensait même que le sangrave l’avait peut-être repéré & l’entraînait dans un guet-apens. Ou alors elle s’en sortait bien & il poursuivait juste sa mystérieuse besogne. Bref, au bout d’un petit moment, il termina sa course dans sous un pont & l’endroit était si sombre que Aveza n’osa pas l’y rejoindre. Ce serait suicidaire. Pourquoi n’y avait-il jamais de résistant avec moi quand il le faut, NOM DE ZEUS.

Aveza décida de rester cachée à quelques mètres de l’endroit & d’y envoyer son familier en repérage. Un chatrix, c’est quand même pratique. Après l’avoir entouré d’un champ magique protecteur, Kena serait ses yeux & ses oreilles. Son pelage foncé l’empêcherait de se faire remarquer trop vite.

Aussi, elle s’installa confortablement derrière une pile de vieilles caisses pourries & ferma les yeux. Et laissa les images de son familier l’envahir, sur le qui-vive.