Tu auras assez de forces, K'avïnsky ? Milosz médita la question quelques secondes. Au fond, c'était même plus une question, c'était plutôt marche ou crève avec Eluart, au fond, qu'il soit en train de se traîner à terre, les poumons encrassés par la pourriture et la suie, ça ne changerait pas grand chose. Il était fatigué, mais... La nuit vient, hein ? Tu la sens, toute cette noirceur, K'avïnsky ? Non, il ne sentait ni la noirceur ni rien du tout, de toute façon, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus peur du noir. De quoi il parle ? Voix hésitante qui tremblote, c'est un pauvre gamin qui se retrouve là, percuté par les pires vices des hommes, et Eluart qui rit, rit d'une hystérie rouge sang, et qui répète la nuit, la nuit, la nuit, et Milosz qui secoue la tête, pause la main sur son épaule et dit, il délire, tu vois bien qu'il ne fait pas nuit. Pourtant, le soleil se couche doucement, bonne nuit jolie étoile, en priant pour demain tu sois encore là. Et Eluart rit encore, le pauvre gars a même pas besoin de sourire pour avoir l'air heureux, il a un sourire cousu sur ses joues, et n'a jamais voulu enlever la cicatrice. Il raconte à qui veut bien l'écouter que c'est un mercenaire furieux qui le lui a infligée, sauf que personne n'écoute Eluart et que ses paroles se mélangent dans le vide comme un râle éphémère. Il se plante devant le pauvre garçon et commence à crier, fort comme s'il voulait que les cadavres cendrés enfouis sous terre lui prête attention regarde, mon pauvre, moi je suis un homme, j'ai combattu la douleur et j'en porte la marque ! Le gamin commence à reculer, et Milosz envoie son poing dans la tronche d'Eluart, qui le regarde, ahuri, comme sorti d'une transe, et Milosz rit et dit, vu le coquard que tu vas te traîner, tu vas être encore plus un homme que nous. Eluart marmonne un crève, k'avïnsky, et finit par lâcher qu'il va falloir qu'ils marchent encore, jusqu'à ce que leurs pieds ne les portent plus, mais Milosz n'en a pas vraiment l'attention, il prend le gosse par le bras, et lance un transmitus, une fois arrivés, le gamin s'enfuit, cours mon garçon, cours, la furie te rattrapera bien un jour, et Milosz reste là, un instant, ses grands yeux bleus de bébé caressant les ombres qui chatoient au loin. Kyr laissa échapper un flot de pensées nerveuses et désordonnées. Et là, les paroles d'Eluart font tilt dans sa tête, se pourrait-il que le taré ait raison ? Se pourrait t-il que... la nuit vient, murmure t-il, avant qu'un somnolus ne fasse s'évaporer sa conscience, et sa dernière pensée fut, le flingue par terre, le flingue par terre. Kyr glissa sur ses quatre patte et la tête de Milosz heurta le sol.

Il savait pertinemment qu'il ne devait pas ouvrir les yeux tout de suite. D'un autre côté, rendre ses prunelles aveugles ne l'aiderait pas non plus. Mais bon, les aveugles avaient cet avantage si peu exploité de pouvoir ré-inventer la réalité. Mais. Milosz ouvrit les yeux d'un coup, c'était moins pire à ce à quoi il s'attendait. Hébété, il cligna des yeux, tenta d'échapper à la blancheur acariâtre des lieux. C'était aussi immaculé que la barbe du très haut mage chemmachintruc. Et ça faisait aussi mal aux yeux que les tenues de précieuse de la haute société omoisienne. Milosz se frotta les yeux, ses cernes avaient du virer au violet. Il était vraisemblablement retenu en toute légalité, et Milosz connaissait la loi, pour jouer avec le crime, il faut connaître les règles de jeu par coeur. Un instant, il avait cru... que quelqu'un venait lui faire la peau. Un cri à vous en déchirer les tripes retentit dans la salle voisine. Le jeune homme enfouit sa tête entre ses mains. Peut-être qu'au final, il aurait mieux fait de marcher jusqu'à ramper dans la boue et ne respirer que de la terre.

Il n’était pas là pour prendre le thé, il le savait bien. Inconsciemment, il laissa tomber sa main vers le sol pour caresser machinalement le museau de Kyr. Le lama n’était pas là, comme à son habitude, à se terrer aux pieds de son frère d’âme. Il était seul. Paniqué, Milosz se leva d’un coup, tremblant sur ses jambes. Il mangeait à peu près à sa faim, mais les dernières heures avaient été doucement intenables ; elles avaient passé très lentement pour lui, et la pression que lui avait imposé Eluart commençait à faire effet ; il se sentait faible physiquement. Et c’était une foutue mauvaise chose. Les autres captifs lui jetèrent un long regard calculé, atone, comme une bande d’automates qui attendent, languissants, la fin. Sauf que Milosz n’état pas du genre à ramper dans sa propre décadence crasse. Mais ses jambes tremblaient tellement, et c’était juste le brokl dans sa tête ; comme si ses neurones s’entrechoquaient à n’en plus finir, comme si les pièces démontées de sa cervelle dansaient une chorégraphie volcanique et insupportable ; oh, par bendrick le hideux, comme il avait mal à la tête. Il se laissa retomber sur sa chaise, impassible, comme un animal qui s’affale après une longue traque. Sauf qu’il n’était pas encore mort. Et qu’il était affamé. Il croisa alors les mains contre son torse, ferma les yeux et tenta de réfléchir, les cris semblaient se heurter à une sorte de mousse nuageuse qui serpentait doucement entre ses nerfs. Milosz soupira. Il avait été drogué. Le jeune homme jeta un coup d’œil à ses veines sinueuses ; un joli petit point, presque invisible, se détachait des courbes verdâtres et violines. Il était tellement gorgé de lumière pure que ses avant-bras prenaient une teinte blafarde. On aurait dit un cadavre perdu dans le silence. Milosz voulut ouvrir la bouche, mais le silence n’avait le droit d’être brisé que par des lamentations hystériques et visiblement douloureuses. Il secoua la tête. Drogué. Pourquoi ? Pour le priver de sa magie. Evidemment. Mais après ? Se pouvait-il que le produit brise ses capacités intellectuelles, l’entraînant vers un état de légume ? Non. Il devait juste être très fatigué.
Y’a quelqu’un qui parle au loin, encore la connasse de l’appartement d’à côté. Il fallait qu’il se réveille. Il inspira un grand coup pour se retrouver nez à nez face à une espèce de fille barba papa, au sourire pastel et réellement faux. Il cligne des yeux. Elle est belle, évidemment. Teint très blanc, grands yeux bleus, lèvres fines et nues sous les néons qui conféraient à la pièce une ambiance hivernale. Il se leva vivement et la suivit docilement. Il n’avait pas le choix. C’est pas comme si c’était nouveau pour lui. Milosz la suit dans cette nouvelle pièce. Aussi blanche que la précédente. Blanche. Ce n’était pas un blanc rassurant. C’était ce blanc affriolant des robes de mariées, qui annonce la fin d’une pureté inexistante. L’odeur de désinfectant le prit au nez. Le sol lui paraissait translucide, à présent. Comme du verre. Sauf que ce n’était pas du verre qui allait être brisé. Milosz s’assit sur le coin de la chaise, prêt à bondir, prêt à être brisé de partout. La femme croise ses jambes, lentement, sensuellement. Ça lui fait à peu près autant d’effet qu’un troll en string, tellement il est à côté de ses pompes. Kyr, lâche t-il, du bout des lèvres, juste pour lui. Le pauvre semble lui aussi à moitié mort. Milosz releva la tête lentement vers la jolie jeune femme, qui lui proposait à bouffer. Ce serait impoli de refuser, je suppose. Finit-il par lancer sur un ton badin. Il était affamé mais savait que son estomac refuserait la nourriture. Il se prit donc une tasse de café, et remua sa petite cuillère, sans pour autant le boire. Milsoz n’était pas un idiot. Des questions, un dossier à son nom. Milosz K’avïnsky. Ils avaient oublié le z à la fin, mais c’est pas grave, après tout il n’est qu’un gamin errant, il ne mérite même pas de nom.

Questions de routine. Questions piège. Non, il n'était pas un idiot. Il ne mentionna pas Lilith. Si la demoiselle aux cheveux crémeux voulait le détruire, il lui suffirait de susurrer son nom. Tout va aussi bien que ça ne pourrait l'être, mademoiselle... il laissa planer un minuscule silence, ignorant le nom de son interlocutrice. Et mon travail se limite à mon niveau, c'est à dire ceux qui ne sont pas très instruits. Oh, je vous en prie, tout le monde sait que l'amour est une jolie plaisanterie. Aveza se porte comme un charme, on s'adore. Il fit une pose. Fatigué ? Comment interpréter cette semi-menace suspicieuse ? Ma soeur ne veut pas me prêter son anti-cernes. éluda t-il avec son humour décalé, son rempart quand il perdait le contrôle.

La jeune femme vous observe, un petit sourire dessiné au coin de ses lèvres. Elle caresse lentement ses cheveux de cette couleur si particulière. Elle vous écoute d'abord sans réagir, puis vous adresse un petit rire amusé en entendant votre plaisanterie et élargit son sourire. Cependant, cette grimace n'a rien de sincère. Vous vous en rendez bien compte mais vous la laissez lâcher un simple : « Bien. » Cette femme au look si extravagant vous fixe encore un instant avant de reprendre sa lecture de votre dossier. Ses yeux parcourent vivement ligne après ligne et tout à coup, elle relève la tête en vous souriant. « Vous êtes bien vague Milosz.... Je peux vous appeler Milosz ? » Elle ne vous donne pas même le temps de répondre ; « Intéressons-nous un peu plus à votre travail... J'ai là sous les yeux des documents qui témoignent de votre coopération avec les assassins. Je ne suis pas là aujourd'hui pour vous reprocher cela, -la guilde a de toutes manières conclu un accord avec nous, mais je m'égare- mais je voudrais en savoir plus sur vos missions... Vous appréciez cet emploi ? Je suppose qu'il ne doit pas être aisé tous les jours de coordonner votre job de serveur avec celui-ci. » La jeune femme vous regarde toujours. Elle paraît satisfaite et semble attendre une réaction de votre part.

PRÉCISIONS :
- on vous a injecté un produit qui vous prive de votre magie, jusqu'à la fin de l'interrogatoire.
- on vous a retiré toutes vos armes.
- vous ne pouvez pas vous enfuir et vous ne pouvez pas non plus attaquer la jolie demoiselle qui vous interroge.
- vous ne pouvez pas libérer votre familier par la force.
- votre personnage peut commencer à s'impatienter, il est même conseillé de le faire se questionner sur la raison de sa venue
- il est important de répondre au plus vite afin de terminer l'aventure avant le 6 août !