« Voyons voir… Par où commencer ? Je suis Aélys Duncan, fille du couple royal Adonis et Elissa Duncan. Je suis Impératrice d’Omois, couronnée il y a deux ans en l’an cinq-mille-quatre-cents, et j’ai aujourd’hui vingt ans. J’ai toujours été destinée à gouverner, raison pour laquelle j’ai été éduquée à l’étiquette telle la princesse que j’étais. Les bonnes manières, la diplomatie, façon de discourir... Tout cela faisait déjà parti de ma vie avant même que je sache m’exprimer correctement.
Elissa Duncan, ma mère, était une grande femme. Je me souviens avoir eu une admiration sans limite envers elle. C’était une dame juste, autoritaire, indépendante, droite, intelligente, diplomate, enfin... Elle représentait à elle seule la perfection. Elle est morte quand j’avais six ans, autant dire que je n’ai pas beaucoup de souvenir la concernant. Son familier est décédé, et ma pauvre mère n’a pas survécu au choc. Ce que je comprends, je ne pense pas pouvoir moi-même passer au-dessus de la mort d’Aziri. Ce qui est amusant en revanche, c’est que nos deux familiers sont des pandas. Je considère que c’est quelque chose qui me rattache à elle, dans un sens… Le seul lien qu’il nous reste puisque je n’ai même plus la mémoire...
Je me souviens, en revanche, parfaitement des années qui ont suivi ce drame. Le royaume fut très touché par cette perte, mais le pire fut, je crois, l’état de mon père. Ils étaient avant tout un mariage d’amour, ils s’aimaient vraiment. Je pense qu’en réalité, Père ne s’est jamais remis de la mort de sa femme. Il était dévasté, mais pour moi, et le peuple, il a su diriger le pays comme il fallait. Je crois qu’il était le premier homme à l'avoir gérer seul sans une Impératrice à ses côtés. Mes parents étaient des gens formidables.
Cependant, ma formation d’héritière continuait et je vivais au rythme de mon éducation royale et magique. Quelques années plus tard, j’ai apprit que mon père était tombé malade, sans aucun espoir de guérison. Il est mort quand j’avais dix-huit ans, et j’ai immédiatement été mariée et poussée sur le trône. C’était mon destin, mais j’avoue que quelques années de plus en tant que simple héritière ne m’auraient pas dérangé.
Mes premiers instants de règne furent plutôt… Calmes. Disons que j’apprenais les ficelles du métier, aux côtés de Sennar. J’ai rencontré plusieurs autres souverains, j’ai fait du commerce, enfin, j’essayais de maintenir la réputation et l’excellence d’Omois. Seulement, depuis quelques mois… Par Demiderus, tout est devenu si compliqué ! Cela a commencé en Trebo, avec le grand retour des Sangraves. J'avais quelques connaissances à leur sujet, mais rien de constructif, mon ancêtre Tara ayant combattu leur maître. Et à mon tour, j’allais devoir combattre la leader de leur vengeance, Magistra. Cette femme n’a pas hésité à profiter de plusieurs événements au palais pour lancer ses attaques, et le message laissé sur les murs… J’en ai froid dans le dos rien qu’en y repensant. Car oui, j’ai peur. J’ai peur pour ma vie, celle de mon peuple, peur pour notre avenir à tous. La couronne n’est qu’un titre, ça n’est pas parce que j’ai une tiare dans les cheveux que je deviens insensible. Au contraire… Je ne sais pas comment elles ont fait. Tara'tylanhnem particulièrement, elle était d’un tel courage… J’aimerai pouvoir lui ressembler, à elle, à ma mère... Avoir leur force, leur bravoure et leur intelligence. J’aimerai arriver à mettre fin à toutes ces atrocités avant qu’elles ne dégénèrent, même si elles ont déjà été beaucoup trop loin. Heureusement que mes conseillers sont là, je ne saurais quoi faire sans eux. Je suis perdue, terrorisée, mais je me dois de garder la tête haute et de porter les malheurs de mon pays. Je vaincrai cette nouvelle menace et garderai Omois à la tête d’Autremonde, je m’en fais la promesse. »